A. a bien voulu se prêter au jeu de l’interview pour répondre
à mes questions et témoigner à l'occasion d'Octobre Rose.
A,
depuis combien de temps luttez- vous contre le cancer ?
2
ans
Quelle
a été votre première réaction lors de cette annonce ?
D’abord, le choc intérieur avec quelques secondes de silence. Puis le médecin qui me
demande si j’ai bien compris. Réaction physique où je n’entends pas sa voix
mais que je vois juste bouger ses lèvres. Il répète la question. Je réponds "oui" avec un signe de la tête mais je n’arrive pas à parler. Un regard vers mon
conjoint qui ne me regarde pas et qui baisse la tête. Puis cette force tranquille
qui commence à prendre le dessus : mes premiers mots : "bon, eh bien voilà, c’est dit"
Puis, " est-ce que je vais mourir ?"
Et pendant que le médecin commence à
m’expliquer je ne sais quoi ... je ne l’écoute plus. Ma tête est partie loin et
je me demande comment je vais l’annoncer à mes 3 enfants, mes parents, ma
famille, mes amis. Phrase suivante : "il est hors de question que je perde
mes cheveux !!! "
Après quelques minutes, environ 10 minutes, j’explose en
pleurs….
Avez-vous
songé à arrêter de travailler, de peur de ne pouvoir assumer votre charge de
travail en plus de votre maladie ?
Non,
jamais et je n’ai à ce jour jamais été arrêté si ce n’est quelques heures
d’absences ponctuelles pour des rendez-vous médicaux. La radiothérapie s’est
faite le soir après le travail ainsi que la curithérapie.
Cette
maladie a-t-elle eu des conséquences sur votre vie de femme ?
Non,
elle n’a eu aucune incidence sur ma vie de femme (plan sexuel) mais un impact
psychologique important plusieurs mois après l’annonce.
Vous,
qui êtes dans la profession de la coiffure, perdre vos cheveux, est-ce une
angoisse ?
Oui
c’était une angoisse perpétuelle jusqu’à ce que l’on me dise que je n’aurais
pas de chimiothérapie.
Quels
conseils pouvez-vous nous transmettre ?
Je
crois que tous les conseils du monde ne serviraient pas. Je crois que vivre cette épreuve est tellement personnel et unique à chacun
qu’il faut juste se baser sur l’instant présent et garder le moral pour ne pas
craquer.
Où
puisez-vous vos forces pour avancer ?
Dans
la confiance en la médecine et en ma force personnelle. J’ai un caractère fort
et je n’ai pas voulu montrer mes angoisses à ceux que j’aime. Malheureusement,
d’être trop forte m’a desservie puisqu’à la longue, je ne me suis pas sentie
soutenue.
Comment
envisagez-vous l’avenir ? Quelles seraient vos envies ?
Aujourd’hui,
je ne suis pas considérée comme étant en rémission mais je me sens bien et
encore plus forte car je dis tous les jours : « tu l’as fait, tu as
tenu » !!!
Mon avenir est positif et je relativise aujourd’hui
beaucoup sur les petits soucis de la vie.
Merci à A. pour cette interview pleine de vérité et tellement touchante!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire